L’abeille de Malte

Apis mellifera ruttneri est le nom scientifique de l’abeille de Malte. L’abeille de Malte est endémique de cette île et ne retrouve à l’état naturel nul par ailleurs. Il s’agit d’une abeille de coloration noire, proche morphologiquement de l’abeille de Sicile et de l’abeille tellienne.

Ces trois sous-espèces d’abeilles sont génétiquement proches. En effet, Malte et la Sicile auraient été colonisées par des abeilles africaines durant la glaciation, alors que le niveau de la Mer Méditerranée était beaucoup plus bas qu’actuellement.

Abeille de Malte et apiculture

L’île de Malte a toujours été associée à ses abeilles. Son nom serait dérivé du grec Melitē qui signifie miel. Et les archéologues ont retrouvé sur cette île de Méditerranée des ruches en terre cuite ancienne de 2500 ans. Ces ruches cylindriques ont été jusqu’à récemment le principal modèle de ruche de l’île.

Après l’arrivée du varroa sur l’île en 1992, beaucoup de colonies ont été détruites. Ainsi les apiculteurs ont importé depuis l’Italie des essaims pour contrebalancer les pertes. Les abeilles italiennes (Apis mellifera ligustica) se sont hybridées avec l’abeille de Malte. Les descendants sont connus pour être moins agressifs que leurs parents indigènes, mais aussi meilleurs producteurs de miel.

L’abeille de Malte ne semble pas avoir les qualités apicoles des sous-espèces du continent européen et des races comme l’abeille Buckfast. Elle produit assez peu de miel – une moyenne de 15 kilogrammes par colonie et par an – elle propolise beaucoup et ses rayons de cire sont souvent construits de façon anarchique.

Par contre, c’est une sous-espèce résistante aux conditions parfois rude du climat méditerranéen et dans un contexte de réchauffement climatique elle intéresse aussi bien les naturalistes qui veulent la conserver que les sélectionneurs toujours intéressés par les caractères des lignées pures. Quelques éleveurs poursuivent son élevage et l’abeille de Malte est parfois proposée à l’exportation.

Conservation de l’abeille de Malte

Malheureusement, le métissage est à l’origine de la disparition progressive des véritables abeilles de Malte. Ce même phénomène cause la disparition de nombreuses sous-espèces d’abeilles mellifères, comme l’abeille noire par exemple. Notons que les conditions climatiques particulières de Malte sélectionnent les lignées et font réapparaître après quelques générations les caractères ancestraux de l’abeille de Malte.

L’archipel de Malte se limite à trois îles. La densité en colonie d’abeilles est très élevée. Il est compliqué d’isoler des colonies d’abeilles de Malte pures pour les protéger de l’hybridation. Le choix de placer un rucher de fécondation sur la plus petit île maltaise, Comino, a été fait en 2017. Afin d’augmenter les chances de sauver cette abeille gravement menacée, les apiculteurs impliqués dans son sauvetage ont été formé à l’insémination artificielle. En effet, la fécondation en milieu naturel ne peut pas garantir que tous les faux-bourdons à s’accoupler avec des reines Apis mellifera ruttneri appartiennent à la même sous-espèce.

Spécificités d’Apis mellifera ruttneri

L’abeille de Malte est une sous-espèce d’abeille mellifère (Apis mellifera) connue pour être particulièrement défensive. Les ouvrières n’hésitent pas à attaquer l’apiculteur avant l’ouverture de la ruche. Les abeilles peuvent aussi s’attaquer à quiconque s’approche trop. On retrouve se tempérament chez les sous-espèces africaines et les études taxonomiques qui s’appuient sur l’étude de l’ADN montre que l’abeille de Malte et sa cousine l’abeille de Sicile seraient des descendantes des abeilles du continent africain.

Les reines sont connues pour pondre tout au long de l’année. Mais module l’importance du couvain durant la saison. Malte bénéficie d’un climat méditerranéen, mais les étés chauds réduisent les quantités de nectar produites par les fleurs. Néanmoins, il n’existe pas à proprement parlé d’hiver sur Malte et les abeilles butinent douze mois sur douze. Elles ont aussi une bonne aptitude à rechercher de l’eau durant les longues périodes de sécheresse estivales.

Les abeilles de Malte sont essaimeuses. Au printemps, les colonies produisent un grand nombre de cellules royales. Les apiculteurs en comptent communément plus d’une cinquantaine par colonie

L’abeille de Malte montrerait aussi un comportement hygiénique poussé. Ce qui pourrait plus donner un avantage face à Varroa destructor. Elle protège également bien son nid contre les pillards, comme les guêpes et les rongeurs.